Le magistrat cambrioleur by Souvestre Pierre

Le magistrat cambrioleur by Souvestre Pierre

Auteur:Souvestre, Pierre [Souvestre, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Policier
Éditeur: Gouzibibliothèque
Publié: 2012-03-16T19:30:00+00:00


19 – JUVE, BAGNARD

— Vous avez une permission de M. le bourgmestre ? Vraiment c’est étonnant. Voilà qui est curieux. En tout cas vous me ferez grand plaisir en me la montrant. Depuis que je suis directeur de la maison d’arrêt de Louvain je n’ai jamais entendu dire que quelqu’un du dehors, fût-ce le bourgmestre, le ministre de la Justice ou Sa Majesté elle-même, puisse donner à un tiers venant de l’extérieur la permission de visiter un prisonnier.

Le personnage qui prononçait ces mots paraissait sûr de son fait.

C’était un homme jeune, distingué, à l’aspect froid et correct qui adressait ces mots à Jérôme Fandor assis en face de lui dans un élégant cabinet de travail meublé avec goût, voire même avec recherche et qui aurait paru le boudoir coquet d’une jolie femme ou le cabinet de travail d’un poète, n’eussent été les fenêtres grillagées et les murs sinistres que l’on apercevait par celles-ci.

Fandor était gêné de ce début. Non sans peine il avait réussi à s’introduire dans la prison de Louvain et à se faire admettre auprès du directeur. À la vérité il possédait une lettre de recommandation pour ce personnage et cette lettre lui avait été donnée deux mois auparavant ; il l’avait obtenue alors qu’il était en France par l’intermédiaire d’un ami habitant Bruxelles et qui lui avait écrit en lui faisant parvenir ce document :

Mon cher monsieur Fandor, le directeur du bagne de Louvain, M. Van den Goossen est un brave homme, simple et cordial, mais très timoré et la recommandation signée du procureur que je vous joins sera insuffisante si vous n’arriviez auprès du directeur avec beaucoup d’aplomb et si, jouant sur les mots et le sens de la lettre, vous ne commencez pas par lui affirmer avec la plus parfaite audace que cette lettre de recommandation constitue une véritable autorisation de vous laisser communiquer même par-dessus la tête du directeur. M. Van den Goossen sera surpris, mais convaincu sans doute et vous réussirez.

Or, dans l’intervalle qui s’était écoulé entre l’envoi de cette recommandation à Fandor et la venue du journaliste à Louvain, M. Van den Goossen avait obtenu son changement, s’était vu remplacer par M. Huguelmans. Or, autant le premier directeur était un homme susceptible de se laisser intimider, autant M. Huguelmans avait conscience du rôle important qu’il jouait, de l’autorité absolue dont il disposait et Fandor qui ignorait non seulement la mentalité du nouveau chef, mais même qu’il ne s’adressait plus au précédent directeur, avait fort mal engagé son affaire et devant l’accueil qui lui était fait, tout en maudissant sa gaffe, il tenta prudemment de battre en retraite.

— Oh, une permission, je me suis mal expliqué, monsieur le directeur. C’est une recommandation simplement. Je sais en effet que vous êtes le maître chez vous et que nul n’a qualité pour intervenir dans votre administration sans votre assentiment préalable. Voici d’ailleurs cette recommandation.

M. Huguelmans lut la lettre :

— Je comprends, fit-il avec un sourire énigmatique, cette lettre est vieille de deux mois. Elle était adressée à mon prédécesseur, je ne sais pas si je dois la prendre en considération.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.